Narvik, 1940


CHRONOLOGIE

 

1939

10 octobre : L'amiral Raeder convainc Hitler de l'importance stratégique de la Norvège.

30 novembre : Début de la guerre finno-soviétique.

14 décembre : Hitler ordonne de préparer un plan d'invasion.

 

1940

01 mars : Décision de l'invasion.

13 mars : Signature de la paix finno-soviétique.

28 mars : Les Alliés décident du minage de la côte ainsi que l'occupation des bases.

07 avril : Départ des forces alliées.

09 avril : Occupation du Danemark et invasion de la Norvège.

15 avril : Débarquement britannique près de Narvik.

30 avril : Jonction des forces allemandes.

10 mai : Guerre éclair à l'Ouest.

26 mai : Evacuation de Dunkerque.

28 mai : Prise de Narvik.

03 juin : Début de l'évacuation de Narvik.

04 juin : Chute de Dunkerque.

07 juin : Départ de toutes les troupes alliées de Norvège.

10 juin : capitulation de la Norvège.

La campagne de Norvège au printemps de 1940 a été la seule victoire alliée avant l'effondrement français.

Menées conjointement par les Anglais, les Polonais, les Norvégiens et les Français, les opérations autour de la ville de Narvik, ainsi que sa prise, ont été en grande partie l'oeuvre des chasseurs alpins et des légionnaires de la 13e Demi-brigade de la Légion étrangère (13e DBLE), unité céée pour la campagne et commandée par le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey. Mais, en raison de la situation sur le front français, les Alliés ne peuvent exploiter cette victoire et doivent rembarquer, abandonnant la Norvège à l'occupant allemand.

 

POURQUOI LA NORVÈGE

À l'origine, les gouvernements alliés voulaient aider les Finlandais en lutte contre les Soviétiques depuis le 30 novembre 1939. Mais la paix est signée le 13 mars 1940.

En fait, la campagne de Norvège s'explique par des arguments stratégiques et économiques.

La Norvège occupe du fait de sa localisation géographique une position stratégique vers la Mer du Nord et l'Océan Atlantique.

Les débouchés des ports allemands sont bloqués par les îles britanniques. Pour sortir de la Mer du Nord, il faut soit emprunter la Manche (mais la France est alliée à la Grande-Bretagne), soit effectuer un détour long et dangereux par les Shetland. Mais alors la flotte anglaise basée à Scopa Flow risque d'intervenir. Pour éviter la situation de la Première guerre mondiale, l'Allemagne est amenée à prendre le contrôle des côtes norvégiennes.

Les ports norvégiens, mais surtout Narvik, sont les débouchés du minerai de fer suédois. Or, en 1939, l'Allemagne en importe environ 10 millions de tonnes.

Les Alliés ont donc tout intérêt à intervenir en Norvège. Mais cela ne peut se faire qu'en riposte à une attaque allemande, du fait de la neutralité de la Norvège.

 

LES MOYENS ENGAGÉS

Les Allemands vont constituer 5 groupes d'invasion :

Groupe 1 : Scharnshorst, objectif Narvik - Gneisenau - 10 destroyers.

Groupe 2 : Hipper, objectif Trondheim - 4 destroyers.

Groupe 3 : Köln, objectif Bergen - Konigsberg - 2 navires auxiliaires - vedettes lance-torpilles.

Groupe 4 : Karlsruke, objectif Kristansand - 2 vedettes lance-torpilles.

Groupe 5 : Blücker, objectif Oslo - Lützour - Eurden - embarcations légères.

Les forces alliées sont plus composites. Elles comprennent :

La flotte anglaise de Scapa Flow - 3 bataillons de la 24e brigade de Guards.

La 1ère division légère française composée des 5e (13e, 53e, 67e bataillons) et 27e demi-brigade de chasseurs alpins, ainsi que de la 13e demi-brigade de Légion étrangère.

1 brigade polonaise.

Des éléments de la 6e division norvégienne.

 

LA SITUATION À LA MI-MAI

Des éléments britanniques ont quitté Scapa Flow le 07 avril, mais ils sont pris de vitesse par l'invasion allemande le 09 avril. Le 19 avril des chasseurs alpins débarquent à Namsos, où ils retrouvent les éléments anglais débarqués quelques jours auparavant, dans le but de prendre Trondheim.

Le 28 avril ces troupes sont évacuées. 2 bataillons de chasseurs alpins sont débarqués au Nord de Narvik. Les opérations traînant en longueur, le Général Béthouart, commandant les forces françaises, harcèle le commandement britannique pour qu'il le laisse opérer un débarquement de vive force dans le fjord même de Narvik, avec la 13e DBLE.

 

LA 13e DBLE

Cette unité a été créée en février 1940 à Bel-Abbès et Fès. Elle comporte 2 bataillons type montagne, avec des éléments volontaires provenant de toutes les unités de la Légion. Le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey, son premier chef, lui donne pour devise "More Majorum".

Organigramme : 2000 hommes

2 bataillons à chacun 4 compagnies (3 de fusiliers-voltigeurs, 1 d'accompagnement) ; 1 compagnie hors rang ; 1 compagnie de commandement.

Après un entraînement au froid au Larzac, du 10 au 29 mars, la 13e DBLE embarque le 22 avril à Brest. Débarquée en Norvège, elle s'empare de Bjervik le 13 mai, prend Narvik le 28 mai, soutenue par un bataillon et une batterie norvégiens, ainsi qu'un groupe d'artillerie coloniale. Le 07 juin elle atteint la frontière suédoise, mais doit rembarquer.

 

LES OPÉRATIONS

Selon le point de vue du Général Béthouart, il fallait dans une première phase enserrer Narvik au Nord (prise de Bjervik) et au Sud (prise de Ankeness), et dans une dernière phase opérer un débarquement de vive force sur Narvik et exploiter jusqu'à la frontière suédoise.

 

1ère PHASE : L'ATTAQUE SUR BJERVIK

Une reconnaissance maritime est effectuée le 09 mai.

Première opération navale de vive force effectuée depuis le sanglant échec des Dardanelles.

Les ordres d'attaque très complexes seront semblables tout au long des débarquements alliés de Dieppe à la Provence.

Le 13 mai à 0H20, bombardement.

Le 13 mai à 1H30, premier débarquement d'un bataillon Légion et de 4 chars.

Les engagements sont violents, les Allemands possédant de nombreuses mitrailleuses. Le 2e bataillon de la 13e DBLE attaque Néby. La jonction est effectuée avec les chasseurs alpins venant du Nord.

Parallèlement à l'attaque de Bjervik, au Sud la ville de Ankeness est prise par voie de terre.

Le 20 mai la tenaille enserrant Narvik est en place.

 

2e PHASE : LA PRISE DE NARVIK

Cette dernière opération amphibie est de nouveau confiée à la 13e DBLE du Lieutenant-colonel Magrin-Vernerey.

Le 24 mai, le Général Béthouart reçoit le télégramme de l'Amirauté ordonnant le repli.

Il décide cependant de prendre Narvik le 28 mai :

pour assurer l'évacuation en toute sécurité ;

pour clôre la campagne sur une victoire indiscutable.

Le débarquement de la 13e DBLE et de Norvégiens s'effectue grâce à l'appui d'un groupe de 75 mm de l'artillerie coloniale. Le soir même, après de furieux corps à corps, la Légion pénètre, après les Norvégiens, dans la ville. Remontant vers la frontière, après la jonction avec les Polonais remontant du Sud et les chasseurs alpins descendant du Nord, la Légion rejette les Allemands sur la frontière. La lutte est épuisante du fait du froid, de la montagne, des nombreux tunnels le long de la voie ferrée, ainsi que du couvert végétal. Les Allemands, battus, luttent pied à pied.

L'avance continue jusqu'au 04 juin. Du 05 au 07 juin s'effectue l'évacuation, sans réaction de la part des Allemands.

 

UNE VICTOIRE ?

Narvik est incontestablement une victoire militaire. Les objectifs ont été atteints. La route du fer a été coupée, les Allemands rejetés sur la frontière suédoise. Mais la situation de la France oblige l'évacuation et donc la capitulation norvégienne le 10 juin.

En 6 semaines de combat, la 13e DBLE, conduite par le Lieutenant-colonel Magrin-Vernerey, a permis la conquête d'un grand territoire. Elle a mené 2 débarquements amphibies et pris Bjervik et Narvik. Son butin s'élève à 200 mitrailleuses, 10 canons, 10 avions et 400 prisonniers. Mais elle laisse sur le sol norvégien 7 officiers, 5 sous-officiers et 55 légionnaires, tombés au cours des combats très difficiles. Le Lieutenant-colonel Magrin-Vernerey a joué un rôle actif auprès du Général Béthouart.

Après Narvik, la 13e DBLE, rassemblée en Grande-Bretagne, va se disperser. Le 1er bataillon en majorité rejoint la France Libre derrière son colonel. Le 2e bataillon rejoint la France, puis l'Afrique du Nord et ensuite est dissous.